Réflexions

Moines et laïcs cisterciens : quelques réflexions

Benoît a écrit une règle pour des moines, c’est-à-dire des hommes qui, volontairement et par grâce, se sont retirés du monde à cause de l’Evangile. Ils ont renoncé à une vie de famille, à une vie professionnelle. Ils veulent renoncer en tout à leur volonté propre, et se sont engagés à vivre une vie spirituelle, en Christ : vie de prière, de silence et de solitude, de travail, en communauté. Donc, pour aider ces hommes de Dieu à vivre l’Evangile de façon radicale, en conformité avec leur choix de vie, en retrait du monde, Benoît légifère la vie monastique. Il propose au moine de vivre une histoire intérieure avec Dieu, de mener une vie de communauté dans un esprit de fraternité, de paix, de simplicité, d’unité, d’accueillir les hôtes de passage et les candidats à la vie monastique. Par sa règle, inspirée surtout de l’Evangile, mais aussi d’autres règles (Règle du Maître, de saint Augustin), d’écrits de Pères spirituels (Basile, Cassien), et de sa propre expérience, il définit le rôle du moine dans l’Eglise, son apostolat de contemplation et d’accueil. . « Le moine est moine non pas surtout parce qu’il est seul, mais parce qu’il est solidaire. » (Dom Bernardo Olivera, Abbé Général ocso).

Les Pères cisterciens, disciples de saint Benoît, enseignent un art de vivre l’Evangile. Avec Robert, Albéric et Etienne, fondateurs de l’Ordre cistercien, prend naissance la vie cistercienne. Avec Bernard, la spiritualité cistercienne. La spiritualité, c’est l’originalité, la particularité de la vie, c’est le cœur. Qu’est-ce qui fait que la vie cistercienne est comme ceci, comme cela ? Rien d’autre que ce qui l’anime de l’intérieur, un certain esprit.

La spiritualité des cisterciens est une spiritualité de la paix, de la simplicité, de l’amour, de la communion. Nourri de cette spiritualité, le laïc cistercien peut s’engager dans la vie sociale, politique, ecclésiale comme apôtre de la paix, de la simplicité, de l’amour, comme porteur de la bonne nouvelle du Royaume. Son apostolat deviendra évangélique, au service du prochain à cause de l’Evangile. Il deviendra une voie, un signe dans le monde.

Comment comprendre la toute nouvelle efflorescence des « laïcs cisterciens », sinon par cette soif de l’Evangile qu’ils ont découvert à l’école de saint Benoît, « école du service du Seigneur », devenue avec les moines cisterciens, « école de charité », et dont ils veulent faire leur « règle de vie », autant que cela leur est possible au milieu du monde

Pourquoi est-il stimulant d’avoir autour de nous des laïcs ? Parce que le monde en a besoin pour être évangélisé. Parce que l’homme a besoin de mener une vie spirituelle, d’expérimenter une vie de prière. Près des moines, les laïcs expérimentent Dieu dans la contemplation. Il ne s’agit pas d’échanger les rôles… mais de communication, de rencontre des charismes de l’Eglise.

Aujourd’hui, il est nécessaire de pratiquer le dialogue, de créer des liens. Dialoguer, c’est entretenir la paix, cultiver l’amitié. Ce dialogue « d’une amitié paisible et confiante avec Dieu pour horizon, par dessus la mêlée » (fr. Christian de Chergé, ocso) est nécessaire dans un monde qui se sécularise de plus en plus, où l’on tente de renier les origines chrétiennes de l’Europe, où se posent de très graves questions d’éthique et de morale. Par leur simple vie évangélique, les laïcs cisterciens ne sont-ils pas appelés à une stimulante mission spirituelle dans ces « déserts » du monde actuel, et cela en symbiose avec leurs frères et sœurs moines et moniales cisterciens ?


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