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La prière liturgique

"Dans la célébration liturgique, la fin spirituelle de la communauté apparaît de façon toute spéciale, le sens profond de la vocation monastique et la communion des sœurs s’affermissent et s’accroissent. La Parole de Dieu y est écoutée chaque jour, le sacrifice de louange est offert à Dieu le Père, on y participe au mystère du Xst et l’œuvre de notre sanctification par l’Esprit Saint se réalise" (Constitutions 17).

La célébration des Heures est un pilier de la vie monastique cistercienne, avec la lectio divina et le travail, le tout s’inscrivant dans un contexte communautaire. Chaque jour, la communauté se réunit pour célébrer l’œuvre de Dieu, l’Opus Dei, à laquelle rien ne doit être préféré, demande Benoît dans sa Règle.

Les offices, répartis dans la journée, deviennent comme des tremplins, relançant la prière personnelle. Dans la journée, chacune a le loisir de consacrer au Seigneur des temps de prière, principalement le matin après les Vigiles et le soir après les Vêpres, mais cette prière personnelle doit tendre à habiter chaque moniale tout au long de la journée. Prière personnelle, prière continuelle. Le souvenir de Dieu tout au long du jour prolonge l’œuvre de Dieu. Les offices sont comme les arches d’un pont, nous faisant traverser le temps en ravivant notre attachement au Seigneur, en union avec l’Eglise et tous les hommes, nos frères.

Avant la fin de la nuit, la communauté se retrouve pour l’office des Vigiles, veille avant le lever du jour. Long office dans lequel la psalmodie a une grande place ainsi que les lectures – biblique et patristique. Cette présence, dans la nuit, évoque l’attente de Celui qui doit venir, le chant est simple et dépouillé pour laisser la Parole nous saisir et retentir ensuite dans un temps de prière silencieuse personnelle. C’est un temps pascal, les ténèbres reculent pour laisser place à la lumière du jour ; c’est le moment aussi de prier et d’intercéder pour tous ceux et celles qui, à l’autre bout du monde, vont se coucher ; pour tous ceux et celles qui ont travaillé ou partent très tôt assurer le gagne-pain de leur famille ; pour tous ceux qui ont eu peur de la nuit, qui ont souffert ou qui ont regagné la maison du Père… La litanie des intentions est longue.

Puis vient l’office des Laudes, un office de louange. Le jour est levé, c’est la joie d’un jour nouveau ; l’attente de l’inconnu, de l’événement inattendu ou connu. C’est au cours de cet office que sera chanté le cantique de Zacharie, le Benedictus. Les intentions qui habitent notre cœur vont se déployer au cours de la prière litanique, elles seront de louange, d’action de grâce.
Un peu plus tard, nous célébrons l’office de Tierce. Petit office principalement centré sur la venue de l’Esprit Saint. Nous allons partir travailler dans nos emplois respectifs, et il est bon de nous retrouver avant de nous séparer. Nous pouvons prier pour tous les hommes et toutes les femmes qui, comme nous, gagnent leur vie.

En fin de matinée, nous célébrons l’office de Sexte. Petit office, lui aussi juste avant le repas communautaire. Nous nous retrouvons pour remettre entre les mains de Dieu ce qu’a été notre matinée, avec ses joies et ses peines, ses réussites et ses échecs. La fatigue peut se faire sentir, elle nous rappelle que beaucoup d’hommes et de femmes peinent sûrement plus que nous.

En début d’après-midi, avant la dispersion dans les emplois, nous célébrons l’office de None, nous avons conscience du jour qui avance, de notre vie qui avance elle aussi. Nous nous souvenons plus spécialement à ce moment de la mort du Christ en croix.
L’office de Vêpres nous réunit en fin de travail, c’est un bel office de louange qui fait un peu le pendant des Laudes, mais avec une note plus réservée. Nous ne sommes plus au jour naissant, et la louange sera plus contenue. Elle n’en sera pas moins belle pour autant.

Notre journée se conclut par la célébration des Complies. La paix du soir descend sur nous et sur une partie du monde, nous nous abandonnons au mystère de la nuit dans la confiance et la paix, avec la certitude que le Dieu d’amour est avec nous et qu’il ne nous abandonnera pas. Les Complies se terminent toujours par le chant du Salve Regina.

Célébrer l’œuvre de Dieu n’a rien de monotone, chaque jour est un jour nouveau et nous le percevons mieux encore avec la succession des différents temps liturgiques qui nourrissent et enrichissent notre vie contemplative.

C’est notre être tout entier qui est invité à entrer dans la louange, l’adoration, l’imploration… et chaque jour, la prière est "neuve", marquée par les événements heureux ou malheureux de notre monde, de notre communauté, de notre vie.

Eucharistie au Rivet

L’eucharistie

"L’eucharistie est la source et le sommet de toute vie chrétienne et de la communion des sœurs dans le Christ. Aussi est-elle célébrée chaque jour par toute la communauté. En effet, par la participation au mystère pascal du Seigneur, les sœurs sont unies plus étroitement entre elles et avec l’Eglise entière"
(CST 18).
Chaque jour, la communauté se retrouve pour célébrer cette nouveauté radicale qu’est l’eucharistie. Elle est source de vie, sommet et centre tout à la fois de nos vies personnelle et communautaire et en elle et par elle, nous apprenons à découvrir la force spirituelle qui en jaillit, et nous nous efforçons d’en vivre.
En participant à l’eucharistie, chacun des hôtes et chacune de nous devient un "homme pascal" et notre communauté monastique devient présence pascale du Christ dans le monde. Oui, nous sommes introduits dans la Pâque du Christ, nous passons de la mort à la vie, de l’esclavage à la liberté, de la tristesse à la joie.
Chaque jour, la Table de la Parole et la Table du Pain nous sont offertes et ce n’est pas rien de communier toutes ensemble à la même Parole – qui est celle de toute l’Eglise – et de communier au même Pain. Ce n’est pas rien et nous devons en témoigner dans le concret de nos vies : devenir un seul corps par le Corps du Christ et en vivre vraiment.

Moniale effectuant sa lectio divina

La lectio divina

La lectio divina est une approche priante de la Parole de Dieu. Ce n’est pas une étude, mais le lieu de la rencontre entre la Parole de Dieu et le cœur de l’homme. Il s’agit de se mettre face à la Parole, de la scruter, de la méditer, de la creuser, de la ruminer, de laisser l’Esprit Saint agir comme révélateur du message de cette Parole.
La lectio divina advient lorsque nous ouvrons l’oreille de notre cœur à l’écoute, lorsque nous prions en écoutant. Il s’agit de "découvrir le cœur de Dieu dans la Parole de Dieu" (Grégoire le Grand, Epist. 4, 31).
Le Seigneur donne sa Parole pour qu’elle s’empare de nous, et nous devons alors la laisser résonner en nous, la laisser nous envahir et nous transformer. Elle doit changer nos vies, nous conduire à une conversion du cœur, nous unifier. Elle doit porter du fruit dans la relation avec les autres.
La lectio divina n’est pas réservée aux moines, aux moniales ; elle est le trésor de tous les chrétiens, car elle est une lumière qui éclaire le chemin, une racine qui donne stabilité.
Le Pape Benoît XVI exhorte à la pratique de la lectio divina. Il est bon de le citer pour éclairer profondément le sens de la lectio divina.
"La lectio consiste à s’attarder longuement sur un texte biblique, en le lisant et le relisant, "en le ruminant", et en en pressant, si l’on peut dire, tout le "jus", afin qu’il nourrisse la méditation et la contemplation et parvienne à irriguer, comme la sève, la vie concrète.
Une condition est que l’esprit et le cœur soient éclairés par l’Esprit Saint – l’Inspirateur des Ecritures – et qu’ils se placent dans une attitude d’écoute religieuse.
Même si la lecture priante de la Bible remonte aux débuts du christianisme, le premier à utiliser l’expression lectio divina a été le théologien Origène (env. 185-254) qui affirmait que pour lire la Bible de manière profitable il était nécessaire de le faire avec attention, constance et prière."
"La lectio divina est devenue un élément essentiel de la vie religieuse.
La mise en place des quatre "degrés" de la "lectio divina" date du XIIe siècle. Vers l’an 1150, Guido, un moine chartreux écrivit un ouvrage intitulé "L’échelle des moines", dans lequel il exposait la théorie des quatre degrés : lectio, méditatio, oratio et contemplatio. Il s’agit de "l’échelle à travers laquelle les moines montent de la terre au ciel".
Exerçons-nous à la lectio Divina, sentons dans les Écritures la pensée du Christ, apprenons à penser avec le Christ, à penser la pensée du Christ, pour avoir les sentiments du Christ, pour être capables de transmettre aux autres la pensée du Christ, les sentiments du Christ".